28/09/2016

La contestation de la continuité écologique se répand, le gouvernement doit prononcer un moratoire


Un vent de colère souffle sur des rivières où les syndicats continuent d'effacer les ouvrages hydrauliques, malgré l'appel répété de Ségolène Royal à stopper la casse et son instruction aux Préfets en ce sens. L'administration fait-elle le choix irresponsable de pourrir la situation en restant totalement sourde et aveugle aux problèmes manifestes que pose la réforme, en particulier l'interprétation tendancieuse de la loi et le harcèlement en vue de détruire? Un moratoire sur ces destructions doit être proclamé, en attendant le recadrage nécessaire de ce dossier en passe de devenir ingérable. 

Notre association mène une veille nationale de la continuité écologique sur Twitter. Le temps manque évidemment pour commenter plus en détail chaque événement, car il se passe difficilement une semaine sans que l'on rapporte des problèmes et des conflits associés à la mise en oeuvre administrative brutale de la loi de continuité. Voici à titre d'exemples les nouvelles des seuls derniers jours.


A Montreuil-Bellay et Rimodan, des élus, des agriculteurs et des riverains ont décidé de bloquer purement et simplement le chantier d'arasement de seuils sur la rivière Thouet (voir ici).

A Lhommaizé, les élus sont tout aussi motivés à ne pas laisser disparaître l'étang de la Forge sur la Dive, qui fait partie du patrimoine de la commune (voir ici).

A Vagney sur la Moselotte, rivière où des destructions d'ouvrages ont déjà suscité de vives contestations (voir ici), les choses ont pris un tour plus dramatique avec l'incendie de la pelleteuse devant effacer la vanne des Grands-Jardins (voir ici). On ne sait cependant pas si cet acte de vandalisme est directement lié au projet de destruction.



Rappelons de la manière la plus claire et la plus ferme que tout acte de violence contre les biens ou les personnes est une solution non tolérable en démocratie.

Mais la radicalisation progressive de la contestation contre la continuité écologique n'est hélas pas surprenante. Elle fait suite à l'insupportable pression institutionnelle de l'administration française en faveur de la destruction du patrimoine hydraulique de notre pays. Depuis 4 ans, nous exposons posément et raisonnablement à l'administration et aux syndicats combien les choix actuels en rivière sont socialement réprouvés par les riverains, économiquement intenables par leurs exigences pharaoniques, écologiquement disproportionnés aux enjeux et, pour beaucoup, scientifiquement mal fondés dans leur diagnostics.

Nos interlocuteurs font mine d'écouter, mais la machine à détruire, à ruiner ou à menacer continue comme si de rien n'était, sans l'once d'une remise en cause. Encore récemment,une haut fonctionnaire du Ministère de l'Environnement appelle sans discernement à la "suppression des retenues". De telles provocations jettent l'huile sur le feu et sont irresponsables.

Le gouvernement doit reconnaître les troubles créés par la réforme de continuité écologique, proclamer un moratoire sur les effacements d'ouvrages (déjà demandé par plus 2000 élus associations, personnalités, chercheurs...) et rechercher de toute urgence des solutions apaisées. En attendant, nous appelons plus que jamais les citoyens, les associations et les usagers à se mobiliser face aux effacements problématiques par tous les moyens à leur disposition : interpellation des élus et des médias, participation aux enquêtes publiques, création de collectifs riverains, contentieux judiciaires, manifestations pacifiques devant les chantiers ou devant les sièges des décideurs de ces chantiers, diffusion de l'appel à moratoire et des nombreux argumentaires déjà rédigés sur notre site.

Pour ce qui est du Nord-Bourgogne, nous nous opposerons ainsi aux effacements de l'Armançon qui ont reçu un avis défavorable en enquête publique et nous attendons toujours le résultat de l'enquête publique sur l'ouvrage de Belan-sur-Ource, où le commissaire-enquêteur a suspendu son jugement pour le moment.

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